samedi 5 octobre 2013

L'australie, l'espagne et la suède ; tu t'écris pour te convaincre, tu sais pas, tu sais plus.

Tu es rentrée, tard. C'était la fin de la soirée, le début du matin; tout en même temps, ça arrive souvent. C'est à cet heure que frappe l'éclair de lucidité. Malicieuse, tu chuchotes pourquoi pas tout en sachant qu'au fond, vaudrait mieux pas...

Tu te souviens du sourire adorable du gars avec qui tu as jasé toute la soirée. Sur son Facebook, sa meilleure amie lui ordonnes de devenir hétéro sur le champs, en commentaire, sous sa photo. L'espoir était mort avant même l'échange de noms, d'intérêt cinématographique et d'allégeance souverainiste. L'espoir était vain, tu ne tiendras jamais sa main, tu le savais bien! Mais là... C'était facile de devenir son amie, de s'abreuver à sa beauté comme une imposteure, car il ne sait pas que toi, tu avais d'autres idées en tête en scrutant son Facebook. Tu joues à la Société, avec un casque et des genouillères. Pas possible de risquer ailleurs, pas tout de suite, c'est mieux d'en savoir plus que l'autre sur sa vie et... ses orientations.

Il est tard, t'as bu, tu te contrôles 98% du temps mais pas maintenant. Tu t'isoles, il ne faut pas le dire à personne, tu pars en vrille dans les ruelles escarpées de cette ville couverte de pavées. Vulnérable entre deux blagues douce-amères, de ces petits pics qui pourraient peut-être faire mal, sait-on jamais. C'est fait. Tu lui a écrit. Sur un ton de reproche comme une mère qui tente d'être sympathique, tu lui en veut d'être lui, de pas te questionner plus, de t'en révéler si peu, mais ça se dit pas. Tu tires sur la couverte du sens pour brouiller les cartes, à demi-mots. L'important, c'est d'avoir l'air fine. L'important, c'est qu'il pense que tu es celle d'avant, celle qui illumine son appartement, pas la folle dépeignée par l'accident.

L'australien est en Suède, il a détesté l'Espagne tout comme la prochaine ville où tu devras étudier en janvier. Autrement dit, il choisira autre que toi, ailleurs. Et ça, tu le sait déjà.  Il ne l'as pas dit clairement, il laisse entendre et suggère. Tu voudrais en dire autant, mais non. Tu canalises mal cette insistance qui germe depuis le dernier tir de couteaux, cette envie de l'amadouer, ça te taraude l'estomac.

C'est un paradoxe: tu choisis de t'écouter au lieu de mettre en sourdine cet affreux Manque qui persiste. T'es habituée à la solidité, difficile de t'abandonner à la fragilité que requiert cette mise en danger. Tout ça pour dire que tu lui a répondu, que tu as tissé des liens entre la ville qui l'intéresse et d'arabesque en détours que tu as glisser "de toi" après avoir mentionnée ton sport préféré:

tu sais, c'est ma ville préférée. J'aimerais y patiner devant l'hôtel de ville pendant le temps des fêtes, mais j'ai pas mes patins. Je m'ennuie déjà de mes patins... lol Et puis, de toi. 

C'est faux, rien ne te manques, tu es auto-suffisante. C'est faux, même si t'aimes Paris. Et qu'il l'aimes aussi. Mais on est 42 millions dans cette situation, on basera pas l'amour d'un couple sur  cette agglomération qui longe la Seine. Trop périlleux.

Aujourd'hui ton corps est en jachère, ton orgueil ne t'en veut pas, t'imagines qu'il reprendra du service quand l'australien répondras de manière acerbe, dans longtemps, il prends son temps,  il trouvera les mots pour taper là où ça pourrait humilier.

Et pourtant, pourtant, tu persistes. Est-ce que c'est ça une relation mal saine?

Ce soir, tu iras te gaver de chips au fromage - Nacho, el espagñolo - à la Plaza Cervantès, la où tu le rencontres, chaque fois, dès qu'il finit de travailler. Tu sais que ça rime à rien. Ce soir à dix heures, tu iras te distraire même si tu sais que des sentiments te hantes, des sentiments délavées qui ne risque pas de reprendre vie, mais tu ne sais pas oublier, tu ne sais pas désaimer.

Traducion libre: C'est quand l'amour se fracasse à ce qu'on appelle le désamour, qui n'est pas autre chose que l'interruption de la relation, la perte d'intérêt, de motivation, d'illusion. Il semblerait que désaimer est presque synonyme de désilusion.  (El desamor: cuando el amor fracasa lo llamamos "desamor" que no sería otra cosa que la interrupción del vínculo, por la pérdida de intereses, motivación o ilusión. Parece que "desamor" está más unido a "desilusión".)

Sur ce, tu vas courir, tu seras aussi belle, qu'inaccessible si jamais ton chemin croise celui de l'australien.

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