lundi 16 juillet 2012

Partir

Ça se dégradait, hein? Ça devenait lourd. Tous ses silences. Tous ses moments seules, ensemble.

Dans l'auto, dans le salon, dans la cuisine, dans ta chambre... Ça déboulé un mercredi après-midi, ça faisait trois fois que j'appelais Qantas pour savoir si je pouvais déplacer  mon billet d'avion pis j'étais mi-fâché contre toi, mi-déprimé, mi-convaincu que la vie est ailleurs; j'ai changé mon vol. Ça s'est rien comparer à choisir quand et comment te le dire. J'ai élaboré une stratégie, on va dire le stratège du plaster. D'un coup, à froid. Je suis revenue d'un trip le temps d'une nuit, ramassez mes bagages pis t'expliquer que j'avais une urgence familiale. Osti que je suis lâche. En fait, mon retour imminent à provoquer un besoin familial, j'ai donc inversé la conséquence de mon départ et sa raison originelle.

Je me suis trompée. Je savais que tu serais sous le choc, que tu m'en voudrais un peu. Je m'attendais à un bisou, à plus tard et ainsi va la vie qui va, comme avec tous les autres gars. À coup de routine et de mon inaction, j'ai été aussi stagnante qu'une flaque d'eau le mois passé, j'avais oublié pourquoi on a commencé à s'aimer. Depuis que je pars, je t'ai jamais vu aussi attentionné. C'est sur que si j'avais un double de moi qui m'attendait à la maison chaque soirs avec le souper dans le four et le lunch dans le fridge, je me débrouillerais pour la retenir... Ok, toi aussi tu fais ta part, c'est juste que c'est dure à avaler de passer d'indépendante femme autonome à 'reine' du foyer. (avec respect pour ceux qui sont heureuse dans ce rôle, je m'excuse) BREF, je me suis réveillée la nuit, pis je t'ai trouvé tellement bon, tu voulais pas me coller, t'avais trop mal, t'as finit par baisser les armes pis quand t'es venu, tes sourcils sont restés fronçé de tristesse. Je t'avais jamais vu comme ça, la mort dans l'âme.

Au matin, quand le cadran a sonné, tu t'es mis à pleurer. Je t'avais jamais vu pleurer. Je savais pas que je comptais autant pour toi. Moi, j'ai tenu le fort. Toi, tu parlais plus, tu respirais à peine... t'avais le regard perdu, parfois à gauche, parfois au ciel, mais jamais sur moi, comme si me voir te fessais encore plus mal que t'avais mal... Moi, j'ai tenu le fort, j'ai fronté toute la journée mais en soirée, j'ai craqué. J'ai pas compris ce qui est arrivé. Je penses que j'ai compris que c'était fini que c'était notre dernière nuit pis que j'avais pas réalisé à quel point t'importe. J'ai petté au frette. Je respirais tout croche, des soubresaults, des filets d'airs qui se rendait à peine à mes poumons à coup de micro-seconde, j'avais ce trou béat qui se creusait en moi pis tranquillement, c'est toi qui est monté au fort. T'as commencé à me caresser le bras, doucement avec tes doigts et ta bouche, tu m'as serré fort, au cas où on réussirait è pu jamais se séparer... Et je suis partie.

À l'aéroport, y a un couple que s'embrassait passionnément. J'ai pas tenu le coup.

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