L'allemand

C'était le soir à Boston. Les lumières de Noël illuminaient les rues toutes propres, toutes vieilles, même que les pierres des bâtiments reflétaient l'éclat des décorations; c'est qu'il pleut là-bas, il neige pas! Donc, on sortait d'un resto (genre Les Trois Brasseurs mais avec un nom de marque en anglais) et j'étais toute grisée par l'alcool made in boston. Je crois que la bière s'intitulait la red brick, ça fittait avec l'architecture ambiante. On se dirigeait vers le port, moi chancelante parce que la pluie glacée était l'excuse parfaite pour devoir me coller sur toi, par inadvertance.

T'étais beau. Beau dans tes mots, dans tes manières, dans tes yeux qui scrutent le plafond, à la fin d'une phrase, comme si le ciel allait t'éclairer. T'étais beau, beau comme un européen, bien habillé, chic et décontract, sans être une caricature de ton identité... C'est rare un allemand aux yeux bruns et aux cheveux chatains.

Je t'ai spotté dès les présentations. J'ai tenté un VAAAGHIT!! Quand tu m'as dit bonjour, t'as cru que c'était mon nom, moi je croyais que ça voulais dire "ça va" en allemand. Moment awkard. Explication, fou rire. C'est drôle parce que sur le coup, j'ai cru voir une bague à ton doigt, un truc doré là où il faut pas si on veut s'amuser en toute liberté. J'imagine que c'était l'éclat des lumières de noël ou l'obscurité ou ma fatigue ou un peu de tout ça, mais moi, comme je croyais que tu étais pris, j'étais plus du tout intimidée par ta beauté et je te racontais follement les péripéties qui ponctuent parfois ma vie.

C'est peut-être ce manque de gêne notoire qui fait qu'à l'instant où les autres sont partis marcher sur le quai, tu m'as embrassé. J'avais pas eu autant de frisson depuis l'Australie. Plus de gros monarques qui se battent dans ma gorge serré et mon coeur qui palpite, rien depuis l'australien. L'exotisme, ça me turn on. Sauf que là, t'es pas sur facebook. J'ai vérifié dans le profil de l'ami de mon amie, grâce à qui on s'est embrassé. Va falloir que je reviennes faire ma touriste et te glisser mon numéro en bonne et due forme avant de te laisser partir avec un bec sur la joue un peu trop mielleux alors que tout les autres nous regarde pendant les adieux. Fuck que t'étais beau!

On a failli mourir une couple de fois en voyage pis à chaque virages trop secs, à chaque fois que le précipice se rapprochait dangereusement ou que le froid me griffait par en dedans, je me disais qu'au fond, ça me serait égal de mourir maintenant. J'ai frencher friendly, t'as initié le mouvement et je suis comblé depuis.

Allez, arrêtons le temps.