Je rentres du théâtre. Fait pas chaud, hein. Je marchais vite, comme toi, vite vite vite, mais moi, j'avais la tête baissée. Je voulais pas que personne sache que je pleure. J'ai pleuré, si tu savais comme j'ai pleuré. Je t'en veux tellement pis quand je me l'avoues, quand je m'égares pis que ça me saute dans face, j'ai un noeud dans le ventre qui se défait. Mon dos fait moins mal. Faudrait pas que j'aille au théâtre. C'est pas fait pour moi, je suis trop sensible. En fait non, je suis trop sensible parce que j'en ai trop cachée, j'en ai trop en-dedans pis le théâtre ça me fait craquée. Des petites fissures fines, de rien du tout, pis ça sort, les larmes coulent pis la vérité me coince dans gorge. J'aurais aimé ça t'appeler en sortant de la pièce. Pas eu le courage. J,aurais aimé ça être capable si tu savais. À place, j'ai fouillé sur facebook, les doigts gelés sur le téléphone, au cas ou une joke plate ou une photo de chat posté sur facebook me permettrait de m'évader, de plus y penser, une seconde, histoire de patcher les fissures. Pis de continuer, comme si de rien était. Mais ça marche pas maman, je sais pas comment tu fais.
Commencer par quoi? Le coup de pic à glace qui a fissurer toute la surface: je t'en veux de pas m'avoir prise au sérieux quand je t'ai appelé pour te raconter l'accident. Ça fait 8 mois, pis j'ai encore mal. Mais t'avais tellement raison "t'es débrouillarde, ça va bien aller, arrête pas d'étudier pour ça" Tu le savais au fond que je suis capable d'en prendre, mais t'as toujours refuser de savoir à quelle prix. Un peu comme quand t'as ri, la fois que je t'ai parlé de boulimie.
Comment veux-tu que je me confie? Que je fasse pas semblant que tout va bien? J'acquiesce et je souris. C'est ça que tu veux voir pis quand je pleure, c'est ça que tu vois pareil. Tu vois que ça va passer. Pis ça passe toujours, sans toi. C'est juste que je sais pas vers qui me tourner quand j'en peux plus. Je le sais que tu seras pas là pour moi, mais ça me dit pas vers qui me tourner... Donc je me laisse berner. Par n'importe qui, n'importe où. Dès qu'il y a de l'espoir. De l'intérêt. Un étoile dans le blanc des yeux. Ce contact, cette connexion qui a pas besoin de mots. Tsé, ce qu'on a jamais eu?
Comment veux-tu que je t'appelles quand je me retrouves coinçé dans des amours impossibles? Des amours fânés, qui ont pas eu le temps de pousser, des histoires qui sont, qui savent pas, criss des affaires morts-nés. Au fond, c'est de ta faute. Mais ça se dit pas. Parce que tsé, c'est toujours la faute des autres, c'est donc toujours plus facile quand on est pas responsable. Pis je regarde le trou que j'ai dans le ventre, jle sens, le néant, pis t'es pas là, pis je me sauves, pis on y peut rien, on vit avec les dommages collatéraux, chacun de notre côté, pis le pire, c'est qu'au fond, j'imagines que tu te doutes de rien.
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