Je ne sais pas si je pourrais t'aimer. Je ne sais même pas si j'en suis même capable présentement. Je suis bien avec moi-même, trop bien avec moi-même. Je sais pas si je pourrais parvenir à aimer nos différences, tsé comme la musique que tu aimes, moi, je suis pas capable. Tsé, toi tu sors dans les clubs, tu es toujours partie "su'a go". Moi je sors dans des tavernes semi-miteuses ou ben je reste effouerer des dix heures en lignes à écouter des téléséries américaines en trainant mon portable sur mes genoux même quand je vais pisser. Tsé, t'es toujours habiller ben ben propre, tout l'temps genre. Pis moi ben d'habitude, j'ai des crottés à mon bras. Je dis crotté parce que c'est comme ça qu'on les appelle les gars dans mon genre dans mon entourage, sont pas sales, mais sont tatoués, percés, décrissés, ce que tu voudras, mais y'ont pas de belles chemises repassées le matin même pis des pantalons signés Boss. C'est moi qui a d'lair de la crottée à côté de toi. Pis je sais pas si j'aime ça. Être la crottée, ou ben que toi tu le sois pas.
Je sais pas si je pourrais t'aimer parce que t'es pas intense. T'es pas "into moi" comme je suis habituée qu'un gars le soit. C'est pas compliqué, moi c'est soit qu'on m'aime pas, soit qu'on m'aime trop. Je connais pas de milieu, je connais pas de normal. Ils m'ont pas habitué à ça les autres d'avant toi. Y m'ont pas habitué à un début de relation normal, y m'ont pas habitué que c'est tout à fait normal qu'on bave pas devant tout ce que je fais, y m'ont habitué à me faire harceler de questions, à débarquer à la maison même quand je ne le voulais pas, à me téléphoner, me texter, me voir sans arrêt. Je suis habituée à trop. Pis quand le trop devenait trop dur pour eux, ça devenait plus rien. C'est ça moi, mes relations, c'est trop tout ou trop rien. Tsé, t'es le premier gars à qui j'écris depuis l'Autre. C'est quand même pas rien. Tu devrais te compter chanceux, parce que c'est pas un cadeau que je donne à tout le monde. Pis tsé le pire, c'est que je suis bien avec toi, et que je suis pas folle. Je suis juste une fille. Tsé juste folle normal, comme toute les filles sont folles là. Je capote pas quand tu ne me textes pas, ou que tu réponds juste 3 heures plus tard. Je capote pas quand tu sors tous les soirs. Je capote pas de voir des photos de toi qui s'amuse avec d'autres filles. Pis en plus, ça te dérange même pas que je suis folle, tsé comme Marie dans CSWE, tsé quand t'as su que son personnage, ben c'était moi, mais comme tout craché, t'as juste trouvé ça vraiment "hot".
J'aime juste savourer le fait que c'est à moi que tu racontes ta journée quand elle est rough ou quand ton boss te faire suer. Je trouve ça juste gentil quand tu prends le temps de me souhaiter une bonne soirée alors que je sais que tu es entouré d'amis à savourer une bonne bouteille de vin après une grosse journée. Je ne suis pas habitué à recevoir si peu, mais, étrangement, ça me va, c'est juste assez. Juste assez ce qu'il me faut pour me rendre compte que je suis assez bien avec moi-même pour être prête, maintenant, à rencontrer quelqu'un. Peut-être toi, peut-être pas. Peu m'importe, sincèrement. Je suis juste prête à rencontrer quelqu'un qui serait prêt à connaître mes cicatrices un peu, parce que oui, les plaies sont refermées, guéries, cellées. Mais tu me fais rire pis je sais que je te fais rire aussi, j'aime que tu aimes mon accent, j'aime que tu aimes mon minou, j'aime que tu me parles de quand on va aller à ton condo au Mont Tremblant cet hiver, comme si c'était tout naturel que cet hiver tu allais encore vouloir de moi dans ta vie. Je ne sais pas si je serais capable de t'aimer avec toutes nos différences et le normal de la relation que l'on a. Je sais juste que pour le moment, ça me plaît bien, que j'aime être dans tes bras, et que, chaque instant où j'ai été avec toi, je ne t'ai pas comparé une seule seconde à lui. Toutes mes félicitations !
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